La consommation excessive d’alcool a des effets néfastes et durables sur le cerveau:
Etude conjointe UCL-ULB. La consommation excessive d’alcool, sur un court laps de temps, a des effets néfastes et durables sur le cerveau humain
Le binge drinking est un type de consommation d’alcool caractérisé par l’absorption rapide de grandes quantités. Sur base d’enregistrements électroencéphalographiques effectués chez des étudiants, des chercheurs UCL et ULB ont observé (après seulement 9 mois de consommation excessive d’alcool) l’apparition de dysfonctionnements cérébraux importants. C’est la première fois qu’une telle étude permet de mettre en avant de tels résultats.
Le binge drinking ou biture-express désigne un type de consommation d’alcool qui s’est récemment développé dans les pays occidentaux. Cette pratique consiste en l’absorption rapide de grandes quantités d’alcool, avec pour objectif affiché d’arriver aussi vite que possible à un état d’ébriété avancé. Des études montrent que 40 à 60% des jeunes adultes européens peuvent actuellement être considérés comme binge drinkers. Des jeunes qui ne sont pas considérés comme alcooliques puisque l’alcoolisme se caractérise par une absorption quotidienne de grandes quantités d’alcool. Or, ces jeunes se limitent à une ou deux consommations intensives d’alcool par semaine. Le binge drinking est donc généralement considéré comme acceptable voire positif puisqu’il est associé à la détente et au divertissement.
Si de nombreuses études scientifiques avaient déjà démontré les effets négatifs du binge drinking sur la santé mentale et psychologique de ces buveurs occasionnels, aucune étude ne s’était intéressée aux dommages éventuels causés au cerveau. Des chercheurs de l’UCL et de l’ULB ont donc étudié l’activité cérébrale de deux groupes d’étudiants pilotes : sur une période de neuf mois (année académique), le premier groupe s’engageait à ne pas boire tandis que le deuxième participait activement à la vie nocturne étudiante, incluant une ou plusieurs soirées alcoolisées par semaine.
A la fin du test, les étudiants du 2e groupe présentaient un ralentissement marqué de leur activité cérébrale, démontrant clairement qu’une consommation d’alcool excessive, même espacée, conduit rapidement à des effets durables sur le fonctionnement du cerveau. Les perturbations observées chez les binge drinkers sont analogues, bien que moins marquées, à celles observées dans l’alcoolisme chronique. Le binge drinking conduit donc beaucoup plus rapidement qu’on ne le pensait à une « souffrance » durable des cellules cérébrales. A noter que la consommation d’alcool observée chez les binge drinkers est relativement fréquente dans le milieu étudiant. Les effets cérébraux du binge drinking ne sont donc pas limités à une petite minorité de cas extrêmes, mais pourraient au contraire toucher une part importante de la population étudiante.
Cette étude est la première à démontrer que le binge drinking n’est pas un mode de consommation inoffensif mais qu’il conduit au contraire rapidement à des effets marqués sur le fonctionnement cérébral. Lorsqu’on voit la popularité de cette pratique chez les jeunes, et en particulier dans le milieu étudiant, une prise de conscience des risques encourus apparaît essentielle. Une vaste réflexion sur cette pratique devrait rapidement être menée, tant au niveau des instances politiques qu’universitaires et médico-sociales.